Il a 52 ans et une
grande joie de vivre. Même si, un jour, il a été durement frappé
par le destin. Souffrant d'une rétinite pigmentaire (maladie
héréditaire qui entraîne la dégénérescence des cellules de la
rétine). Michel est à jamais privé de la vue.
Loin de se
décourager, et homme ambitieux s'est lancé un nouveau défi :
participer au Paris-Dakar, en tant que copilote. Une idée qui fera
de lui le premier non-voyant à concourir pour ce rallye
international.
L'initiative de
cette aventure revient à Nicolas Richard, le futur pilote, et
ancien participant du rallye. "En 1996, j'ai vu une émission sur
les nouvelles technologies permettant aux non-voyants d'accéder au
multimédia et à la micro-informatique", se souvient Nicolas.
C'est alors qu'il
a décidé de se tourner vers l'IPHV, l'Institut pour handicapés
visuels près de Nantes. Il y fait la connaissance de Michel, qui
travaille depuis 1982 en tant que formateur en techniques de
vente, spécialisé dans la réinsertion professionnelle. Et Michel
s'avère être l'homme de la situation.
En effet, il
pratique régulièrement des sports extrêmes tels que l'escalade ou
… le saut à l'élastique.
Grâce
à un matériel de pointe, il pourra récolter, en braille, toutes
les données nécessaires à son travail de copilote
"J'ai une
réputation de vrai casse-cou", confie-t-il. Mais, n'ayant aucune
expérience en navigation, il ne s"était jamais imaginé concurrent
d'un rallye. "Nous avons attendu deux à trois mois afin de nous
assurer que sur le plan technique, l'affaire était possible", a
confié Nicolas. En effet, Michel pourra grâce à un matériel de
pointe, récolter en braille, tout les informations nécessaires à
son travail de copilote :
Merveilles
"Aujourd'hui,
l'informatique fait des merveilles. À l'IPHV, nous l'utilisons
beaucoup, déclare Michel. Mais dans ce cas précis, nous avons
besoin d'outils beaucoup plus perfectionnés, afin que je puisse
transmettre, en temps et en heure, toutes les données de la course
à mon pilote. Il n'y aura donc aucun problème de réactivité." |
Mais l'aventure
n'est est alors qu'à ses balbutiements. Car les hautes autorités
du sport automobile français émettent de nombreuses réticences. En
effet, pour participer au Dakar, il faut être en possession d'une
licence. Ce qui implique de savoir piloter. Or, dans le cas de
Michel, c'est impossible. Ce n'est qu'à la suite d'âpres
négociations, et à force de persévérance, que Michel obtiendra
enfin ce précieux document.
Le plus dur reste
encore à faire : convaincre les sponsors que ce pari sera gagnant.
L'objectif de Michel étant de "tordre le cou aux préjugés attachés
à la déficience visuelle", comme il aime à le répéter.
Michel
souhaiterait surtout que l'on porte enfin un tout autre regard sur
le handicap en général.
"Je veux persuader
les acteurs du monde du travail que l'insertion
socioprofessionnelle est possible, grâce à l'apport de nouvelles
technologies d'une part, et au dynamisme et à la combativité qui
animent les personnes non voyantes d'autre part. Si seulement
cette aventure pouvait servir d'exemple !", espère Michel.
Mais le plus dur
reste à faire : convaincre les sponsors que son pari sera gagnant
Et, pour ceux qui
s'étonneraient encore de cette idée d'un copilote aveugle, Michel
a une réponse très simple : "Essayez de travailler avec des
personnes handicapées. Vous verrez que cela en vaut la peine. Vous
n'aurez pas à le regretter. Regardez, je fais bien le Paris-Dakar.
Oui, c'est possible."
Et Michel n'est
pas encore parti, qu'il prépare déjà une autre aventure :
traverser le désert : "Le désert tunisien que je connais déjà
m'intéresse beaucoup." Encore une belle histoire de vie en
perspective…
Si vous souhaitez
aider Michel dans son aventure, composez le 06 89 91 63 02 ou
www.apertedevue.fr.st
Nicolas
NISSIM
Photos :
J.-C. WOESTELANDT
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