L'équipage "A perte de vue" qui participera à la prochaine édition du Paris-Dakar, a été présenté au public, hier. Pour la première fois, la course de renommée internationale sera marquée par la participation d'un copilote aveugle, le Vertavien Michel Point.

Le 1er janvier, plus de 120 voitures s'élanceront à la conquête du désert saharien à l'occasion du si controversé Paris-Dakar. Après deux participations à moto (1er du classement des moins de 500 cm3 en 1995), Nicolas Richard rempile pour une

troisième édition, cette fois-ci au volant d'un 4x4 Toyota HDJ 80. "J'ai toujours eu envie de faire la course en voiture, confie-t-il. L'idée de l'effectuer en compagnie d'un copilote non-voyant a germé en 1996, le jour où j'ai regardé une émission sur les aveugles. J'ai aussitôt pris contact avec une association nantaise." Le pilote rencontre alors Michel Point, non-voyant. Une véritable amitié se noue entre les deux hommes.

Le copilote n'en est pas à sa première "expérience de l'extrême". Coordinateur d'insertion auprès de personnes handicapées, cet habitant de Vertou (Loire-Atlantique) de 53 ans a toujours été très sportif. "C'est quelque chose de vital pour moi. Après avoir goûté aux plaisirs de l'athlétisme et du ski, je me suis mis à la marche. Récemment, j'ai fait du saut à l'élastique. Je connaissais le Paris-Dakar comme tout le monde, mais jamais je n'aurais imaginé être un jour copilote."

Avant de pouvoir se présenter sur la ligne de départ, les deux hommes connaissent "des années de galères administratives. Au niveau de l'organisation de la course, Hubert Auriol a été séduit par cette initiative, explique Nicolas Richard. C'est la fédération française du sport automobile qui a posé problème en refusant de délivrer une licence de copilote à un non-voyant." La demande est effectuée en 1996. Après six ans d'attente, une licence africaine est finalement délivrée. "C'est la première fois qu'un document de ce genre est accordé à un aveugle. Le plus drôle est que c'est le gouvernement ivoirien qui nous l'a délivré." L'équipage est autorisé à participer à la prochaine édition. Hasard du calendrier, 2004 se trouve être l'année du handicap.

La préparation physique peut alors commencer. Les deux hommes effectuent un raid d'entraînement dans le désert marocain en juin dernier. L'occasion pour Michel Point de se familiariser avec son unique instrument de bord, un ordinateur muni d'un afficheur braille. L'expérience saharienne se révêle très positive. "On pensait que ça secouait plus, on a été agréablement surpris." Deux mois avant le départ, la sérénité se lit sur les deux visages. "Notre objectif n'est pas de nous classer. Si on va jusqu'au bout de la course, on aura gagné."

Pratique. - Pour suivre les deux participants durant la course : www.apertedevue.fr.st