Une émission
diffusée à la télévision en 1996 sur les aveugles et les technologies
adaptées à leur handicap déclenche chez lui un déclic. "Je me suis dit
que quelqu'un atteint de cécité pouvait être copilote sur un rallye".
Nicolas Richard prend alors contact avec des Instituts à la recherche
d'un partenaire. "A l'école des Hauts Thébaudières à Vertou on m'a dit
: "on ne comprend pas trop votre démarche, on vous passe quelqu'un.
C'était Michel. On s'est rencontré et cela a démarré comme ça". Pour
Michel Point,
formateur à l'école de Vertou, ce projet est un nouveau challenge.
Sportif accompli, il pratique de longue date l'escalade, la marche, le
saut à l'élastique. Le Paris-Dakar est pour lui un nouveau défi à son
actif.
Un autre Vendéen dans l'aventure.
Pour le copilote, un matériel spécifique informatique a été
fabriqué, ordinateur et clavier à picots. A la place du roadbook
écrit, les organisateurs du rallye chaque jour lui remettront une
disquette en braille. En juin, les deux hommes ont effectué un voyage
de 4 500 km au Maroc pour effectuer un test. Les essais ont été
concluants. "Michel craignait qu'avec les secousses, ses doigts
quittent le clavier. Cela ne s'est pas produit, le véhicule est bien
stable".
Le duo s'étoffe avec un nouveau partenaire, le Commequiérois
Pierrick Jolly, ami d'enfance de Nicolas Richard. Il a consacré
plusieurs mois à chercher partenaires et sponsors. Accompagné d'un
mécanicien, il aura en charge le véhicule d'assistance.
Sept ans de déboires pour avoir la licence
Il aura fallu sept ans aux deux hommes pour concrétiser leur
objectif. "Des années de galère administrative pour obtenir la licence
de Michel" se souvient Nicolas Richard. Affiliée à la fédération des
sports automobiles la France délivre en effet uniquement des licences
de pilote.
Michel Point ne disposant pas de permis de conduire, il ne peut
obtenir qu'une licence de copilote en passant par un autre pays. Après
avoir tenté la nationalité marocaine, ils se rendent au Gabon, puis au
Sénégal pour essayer de décrocher le précieux document. C'est
finalement la Côte d'Ivoire qui accorde à
Michel Point début 2003 une licence restrictive de co-pilote. "Une
licence ivoirienne pour un ivoirien". Le papier n'est cependant pas
avalisé par la FISA. La fédération internationale peut en dernier lieu
ne pas autoriser le départ de l'équipage. "Ils peuvent nous bloquer
mais ils ne nous empêcheront pas de partir. 2003 est en plus l'année
du handicap. Ce serait mal venu".
M.N. Péridy |