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Michel, aveugle, verra pour Nicolas
Pour la première fois, un
co-pilote non voyant prendra le départ du Paris-Dakar, le 1er
janvier prochain. Une aventure soutenue par l'entreprise mouilleronnaise
CTV.
C'est une première.
Jamais un tel équipage n'a pris le départ d'un Paris-Dakar. Michel
Point, co-pilote non-voyant, verra la route pour Nicolas Richard,
pilote. Le 1er janvier, ils s'élanceront parmi les 120
concurrents, à bord de leur 4x4 Toyota. Pour ce faire, ils ont créé
l'association "A perte de vue".
Une véritable aventure
pour ces deux hommes devenus amis. "Suite à une émission de télévision,
Nicolas a eu l'idée de s'associer à un non-voyant", lance Michel, qui
a progressivement perdu la vue suite à une rétinite pigmentaire, une
maladie génétique. |
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Licence en Côte
d'Ivoire
Bien avant de fouler
leurs premières dunes, l'équipage va devoir franchir nombre
d'obstacles. Depuis 1996, la fédération française de sport automobile
est restée intraitable : pas question de fournir une licence à un
aveugle, malgré l'accord des organisateurs de la course mythique.
"C'était fou. Cela voulait dire que mon handicap était supérieur à une
personne qui n'avait ni bras, ni jambes, mais qui elle, avait le droit
de courir", s'étonne Michel Point.
Cette foutue licence,
l'équipage va la dégoter… en Afrique, en Côte d'Ivoire plus
précisément. "C'est quand même coquace que ce soit un Ivoirien qui
fournisse une licence à un non-voyant", ironise le co-pilote.
Ex-formateur dans un
établissement spécialisé à Vertou, Michel est aujourd'hui chargé
d'insertion : "J'essaie d'inciter les entreprises à embaucher des
handicapés visuels".
Cette aventure au
milieu du désert, ce fou de sport la voit comme un nouveau défi : "Je
vis de projets. Bien sûr, on s'attend à des galères, mais l'objectif
premier va être d'aller au bout".
Un projet qui a séduit
nombre d'entreprises, vendéennes notamment. Parmi elles : CTV de
Mouilleron-le-Captif. "J'ai été mis en relation avec Nicolas par un
client. Au début, je me suis dit : "Ils sont fous". Mais après
réflexion, j'y ai vu le côté humain, souligne Michel Lardière, le PDG,
qui n'oublie pas l'intérêt de la société. Si on veut faire parler de
l'entreprise, soit on finance les trois premiers, ce qui est
impossible pour nous, soit on choisit un projet extraordinaire qui
fera forcément parler de lui".
Après une minutieuse
préparation, l'équipage se dit fin prêt. Quelques sponsors
supplémentaires leur permettraient tout de même de boucler le budget
pour le véhicule d'assistance.
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Comment ça marche ?
Les mains de Michel
courent sur un afficheur braille. "C'est grâce à ce système couplé
avec des informations sonores, que je peux transmettre les
informations au pilote. En fait, cet afficheur remplace l'écran de
l'ordinateur. La fonction est la même, sauf qu'ici, ce sont des picots
qui se lèvent". |
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Dans la mémoire de la
machine, on trouve le road-book, la feuille de route quotidienne
fournie par les organisateurs de la course. "Un compteur électronique,
le trip, calcule en permanence la position du véhicule depuis le
départ. A partir de là, je relève les repères du road-book pour
indiquer la route". Et en cas d'égarement de cette piste virtuelle ?
"Il nous faudra revenir à un passage obligé. On a fait des essais
pendant une semaine au Maroc et ça fonctionne".
Afin d'éviter une
certaine fatigue, liée aux secousses, Michel pourras compter sur des
reposoirs spécifiques pour les avant-bras. Autre précaution contre les
trous et bosses imprévus : un système permettra de retenir sa tête
casquée en cas de choc. Ses pieds seront également calés. |
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Benoît Canto
Renseignements
:
www.apertedevue.fr.st
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