A PERTE DE VUE / Un copilote aveugle : du jamais vu sur le Dakar !
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 :: Vertou Magazine d'octobre 2002 (n°173) rubrique "Portrait"

 

 

Michel Point
Un Vertavien dans l'aventure du "Dakar"

A 52 ans, Michel Point, Vertavien d’adoption depuis 1983, va bientôt réaliser le rêve de beaucoup de sportifs : participer au mythique rallye du « Dakar ». Le 3 janvier prochain, il prendra le départ de cette course aux côtés de Nicolas Richard, dont il sera le co-pilote. Un détail qui a son importance : Michel sera le premier non-voyant à participer à cette compétition internationale.

 

Nicolas Richard, qui a déjà à son actif deux participations au "Dakar" en 1994 et 1995, est à l’origine de cette aventure. En 1996, après avoir vu à la télévision une émission traitant du handicap visuel, l’idée lui vient d’associer un non-voyant à sa prochaine participation à cette compétition. Rapidement orienté vers l’Institut des Hauts Thébaudières, il s’y présente et fait part de son projet . Un nom vient instantanément à l’esprit de ses interlocuteurs : celui de Michel Point. Atteint d’une rétinite pigmentaire (maladie héréditaire qui entraîne la dégénérescence des cellules de la rétine), Michel est depuis 1982 formateur pour adultes à l’Institut des Hauts Thébaudières. Il y est également chargé d’insertion, activité qui l’amène à sensibiliser les responsables d’entreprises à l’intégration de personnes atteintes de déficience visuelle.

 

 

Marche à pied et parachutisme…

 

Il est aussi un sportif invétéré. Il a débuté par la pratique de l’athlétisme et de la natation, avant de se prendre de passion pour la course à pied et la marche. Et depuis peu, il a aussi à son actif des incursions dans des disciplines moins conventionnelles : le saut à l’élastique et le parachutisme… "Lorsque j’ai rencontré Nicolas, explique-t-il, je réfléchissais à un projet sportif sortant de l’ordinaire. J’avais imaginé une marche dans le désert… Sa proposition de participer au "Dakar" m’a tout de suite sédui".

 

Une rencontre en 1996, une inscription à la compétition en 2002. Il aura fallu plus de 5 ans aux deux sportifs pour surmonter quelques réticences des instances fédérales (Fédération Française de Sport Automobile) à la participation d’un non-voyant à la compétition. Du côté des organisateurs du "Dakar", tout s’est en revanche bien passé et Hubert Auriol, l’organisateur de la compétition a tout de suite soutenu le projet.

 

Dans une compétition automobile, le co-pilote est "l’œil" du pilote, il doit justement « voir » à distance les pièges éventuels que le pilote n’a pas encore dans son champ visuel. Pour se guider, le co-pilote dispose d’un "road book" sur lequel sont consignés les itinéraires, les directions, la nature des pistes, les virages, etc.

 

Le défi pour Michel Point est donc de taille. Aidés par deux industriels (constructeur et distributeur de "terminaux" braille), lui et Nicolas Richard ont conçu un terminal "braille" sur lequel le co-pilote

 

non-voyant pourra obtenir toutes les informations nécessaires à la navigation du véhicule, transcrites d’un outil de navigation par satellite, et tenir ainsi parfaitement son rôle.

 

Quant au "road book", autre outil indispensable à chaque étape de la compétition, les organisateurs du rallye ont élaboré spécialement pour ce co-pilote inhabituel un document en braille, qui lui sera remis, comme à tous les autres concurrents, lors de chaque départ.

 

 

Un prolongement de son engagement professionnel

 

Au delà de l’aventure sportive, le projet de Michel Point est aussi de bénéficier de la médiatisation de cette compétition prestigieuse pour donner plus d’aura à l’action qu’il mène au quotidien, d’autant que l’année 2003 sera aussi l’année Européenne du Handicap. "Plutôt que des grands discours sur le handicap, confie-t-il, je crois plus opportun de revenir à des choses simples : montrer qu’une personne handicapée peut réaliser des projets, montrer aussi que lorsque l’on veut trouver des solutions, pour accueillir des non-voyants dans les entreprises par exemple, tout est possible à condition d’en donner les moyens. Cela passe par beaucoup d’explications et d’échanges avec l’extérieur, ce que l’on s’efforce de faire à l’Institut des Hauts Thébaudières".

 

La participation de Michel Point au "Dakar" a aussi donné naissance à un autre projet : celui d’un jumelage de l’établissement vertavien avec un institut spécialisé d’Afrique noire, afin de lui apporter un soutien technique, humain pédagogique et matériel. "On sait que les besoins là-bas sont conséquents, souligne Michel Point. Ce projet est pour l’instant à l’étude, avec le soutien de Jean Briens, le directeur de l’Institut et il nous tient particulièrement à cœur de le mener à son terme".

 

A trois mois du départ, Michel Point et Nicolas Richard achèvent leur préparation physique et technique au "Dakar", avant de s’élancer sur les routes et pistes de France, d’Espagne, de Tunisie, de Libye et d’Egypte.

 

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